L’utilité du Targoum pour l’étude du Nouveau Testament – David Vincent

par David Vincent le 21 Déc, 2015



Après avoir fait plusieurs articles sur la Septante, j'aimerais vous présenter une autre version de la Bible appelée « Targoum ». Cette version est intéressante pour les chrétiens car elle est employée à plusieurs reprises par les auteurs du Nouveau Testament.

Les origines du Targoum

Pour comprendre ce qu'est le Targoum, il faut d'abord  rappeler la situation linguistique (1) de la Palestine à l'époque de Jésus. Targoum signifie en effet « traduction ». Avant l'exil, l'hébreu était la langue du peuple, tandis que l'araméen était pratiqué par les notables. Suite à l'exil babylonien, la situation s'inverse et l'hébreu est progressivement remplacé par l'araméen. De fait à l'époque de Jésus, la langue parlée par le peuple était bien l'araméen et seuls les docteurs religieux ou les notables maitrisaient encore l'hébreu. Nous voyons d'ailleurs dans les évangiles que Jésus a prêché en araméen.

Pour que le peuple puisse continuer à comprendre la Bible, il fallait donc que celle-ci soit traduite dans sa langue, c'est-à-dire en araméen. C'est cette version araméenne que nous appelons le Targoum, même si en réalité il faudrait plutôt employer le pluriel, puisqu'il existe différents Targoumim.

 Le contenu du Targoum

Il est cependant important de comprendre que le Targoum n'est pas une simple traduction du texte hébreu. Celui-ci est souvent paraphrasé ou enrichi d'anecdotes issues de la tradition orale. Cette information nous permet de comprendre certains passages du Nouveau Testament puisqu'à plusieurs reprises les auteurs, notamment l'apôtre Jean ou l'apôtre Paul, se réfèrent au Targoum.

Le Targoum et le Nouveau Testament

L'exemple le plus célèbre et le plus simple est celui de 2 Timothée 3:8

 

« De même que Jannès et Jambrès s'opposèrent à Moïse, de même ces hommes s'opposent à la vérité, étant corrompus d'entendement, réprouvés en ce qui concerne la foi. »

 

Paul mentionne explicitement deux personnes, « Jannès et Jambrès », qui se sont opposées à Moise. Or vous aurez beau lire et relire votre Ancien Testament dans sa version courante, vous ne les verrez jamais apparaître. En réalité ces deux personnages sont bien mentionnés trois fois dans la Bible, deux fois dans Exode et une fois dans Nombres, mais uniquement dans sa version araméenne (Targoum).

Texte biblique et Targoum

 Pour vous donner une idée des différences  qui peuvent exister, je vous  propose de comparer le texte d'Exode 1 versets 13 à 16 dans deux versions : la version rabbinique, couramment utilisée dans nos Bibles, et le Targoum. Pour faciliter la lecture, j'ai mis en rouge les passages supplémentaires ajoutés par le Targoum.

 

Exode 1 : 13-16

 

Texte rabbinique :

 

« Alors les Égyptiens réduisirent les enfants d'Israël à une dure servitude. Ils leur rendirent la vie amère par de rudes travaux en argile et en briques, et par tous les ouvrages des champs: et c'était avec cruauté qu'ils leur imposaient toutes ces charges. Le roi d'Égypte parla aussi aux sages-femmes des Hébreux, nommées l'une Schiphra, et l'autre Pua ; Il leur dit: Quand vous accoucherez les femmes des Hébreux et que vous les verrez sur les sièges, si c'est un garçon, faites-le mourir; si c'est une fille, laissez-la vivre. »

 

 

Targoum :

 

« Et les Égyptiens réduisirent les enfants d'Israël en servitude, avec dureté, et ils leur rendirent la vie amère dans un dur travail, dans l'argile et les briques et toutes sortes de travaux dans la campagne, toutes sortes de travaux qu'on leur imposait avec dureté. Or Pharaon dit que tandis qu'il dormait il avait vu dans son songe que tout le pays d'Égypte était posé sur le plateau d'une balance et un agneau, le petit l'une brebis, sur l'autre plateau de la balance et le plateau où se trouvait l'agneau s'abaissait. Aussitôt il envoya quérir  tous les magiciens d'Égypte et leur conta son songe. Immédiatement Jannès et Jambrès, chefs des magiciens, ouvrirent la bouche et dirent à Pharaon : « Un fils est destiné à naître dans l'assemblée d'Israël par le moyen de qui toute .terre d'Égypte est destinée à être dévastée. » C'est pourquoi Pharaon, le roi d'Égypte, avisa et dit aux accoucheuses juives ÔÇô l'une avait nom Shiphrah, c'est Jokébéd (2), et le nom de la seconde était Pu'ah, c'est Miryam, sa fille ÔÇô il dit : « Quand vous accoucherez les femmes juives, vous surveillerez le siège : si c'est un enfant mâle, vous le mettrez à mort et si c'est une fille, elle pourra vivre »

 

Conclusion

 Nous voyons donc que le Targum nous rapporte un certain nombre d'informations qui n'apparaissent pas dans le texte rabbinique. Le texte n'a bien sûr pas été choisi au hasard, puisque c'est l'un des passages où apparaissent justement les deux personnes (Jannès et Jambrès) évoquées par l'apôtre Paul.

Pour terminer cette présentation il faut préciser que le Targoum a eu le destin inverse de la Septante. Pour des raisons linguistiques évidentes, cette version n'a presque pas été reprise dans l'Eglise et a donc été conservée par les Juifs rabbiniques. Je vous présenterai d'autres textes du Targoum dans de prochains articles.

Notes

(1) Voir mon article plus détaillé : La langue des Judéens à l'époque de Jésus.

(2) D'après le Targoum, les deux accoucheuses juives sont donc la mère (Jokébéd) et la soeur (Myriam) de Moïse.

 

David Vincent

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Auteur: David Vincent

David Vincent est chrétien évangélique et doctorant en sciences religieuses à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes. Ses recherches portent sur l’histoire de la théologie chrétienne et de l’exégèse biblique, les rapports entre théologie et savoirs profanes, et l’historiographie confessionnelle. Il partage ses travaux sur son blog et sa chaîne Youtube.

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